G : Oui, le Surréalisme m’a beaucoup influencée intellectuellement et artistiquement. En tant que professeur de littérature, j’ai beaucoup travaillé sur les artistes et auteurs du Surréalisme. J’ai souvent utilisé des oeuvres plastiques de ce courant pour appuyer l’étude de la littérature surréaliste dans mon enseignement.

Vous savez, les choses sont liées : peinture et écriture, art et vie... Cette idée guide mon travail, c’est pourquoi la spontanéité et le hasard ont toute leur place dans ma peinture.



M : Votre peinture apparaît comme fugace, la forme y est furtive et au service de la couleur. C’est une peinture ‘d’impression’ en somme où les narrations sont dans les chromatismes et leurs ondulations; on ressent le temps passé sur ces oeuvres, on ressent qu’elles sont un cheminement.



G : Selon René Char, ‘Il n’y a que les traces qui restent’. Il est vrai que je préfère les choses un peu fuyantes. Ce sont elles qui se gravent dans ma mémoire et je dois dire que  si je n’avais rencontré que des peintres classiques ou figuratifs, je ne crois pas que j’aurais peint...


M : Sans les peintres du mouvement, de la vitesse et de la lumière, l’impulsion de peindre ne serait pas manifestée?



G : Non, en effet. Pour peindre la nature, je préfère prendre mon appareil photo. Ce qui me plaît dans la peinture, c’est de pouvoir déformer, transformer. Un peu comme Marcel Duchamp qui, s’il peignait à merveille, a placé ses enjeux artistiques au-delà du savoir- faire.


M : Sortir du ‘faire’ pour entrer dans ‘l’être’ est l’invention de l’artiste moderne. Quels enjeux cette démarche revêt elle, pour vous?



G : Pour moi, dans la pratique artistique, il faut une libération.

Par exemple, je sais faire de mes mains autre chose que de la peinture. La couture est très importante pour moi, également. Mais ce qui m’intéresse, c’est l’expérimentation, c’est la fabrication. Mélanger la couture et la peinture est une chose que j’ai déjà faite. Tout cela fait partie d’une démarche. Il s’agit de libérer quelque chose dans la réalisation d’une peinture, d’une oeuvre. Je me sens libérée quand j’ai créé quelque chose qui vient de moi.



M: Réunir, art, vie, geste et pensée...



G : Oui, c’est un tout.



Entretien : Marjorie Deshayes - Artspray

Mardi 28 Septembre 2010, Strasbourg


A propos de l’artiste

Ginette Adamson a enseigné la littérature contemporaine pendant 35 années aux Etats-Unis.

Américaine, elle a contribué à la promotion de la francophonie et aux développements d’échanges

universitaires entre les Etats-Unis et la France en créant un cours d’été à l’Université de Strasbourg,

des colloques et conférences en France, au Québec et à travers le monde.

Ginette Adamson et son époux résident à Strasbourg depuis 2003 où l’artiste se consacre à la

peinture.

www.ginetteadamson.com


M : Peindre est votre première occupation matinale. Est-ce la quête d’un but à atteindre ou le plaisir de l’instant qui vous meut dans cette approche rituelle de la peinture?



G : J’aime peindre sans but initial. Je peins pour le plaisir de voir évoluer la forme et la couleur. Le plaisir de la mutation qui se réalise sans préméditation est une chose fantastique et créatrice.



M : C’est donc la peinture elle-même qui vous guide dans votre processus artistique...

Entretien avec Ginette Adamson

Entretien par Marjorie Deshayes - Artspray

Mardi 28 Septembre 2010, Strasbourg